Elle n'arrivait pas à fermer l'œil, restait à regarder bêtement le plafond depuis une bonne poignée de minutes. Quand elle s'était levée tout à l'heure pour s'occuper, elle n'avait pas réussi à suivre un traître mot du roman qu'elle avait ouvert, n'était pas non plus parvenue à regarder correctement l'émission pourtant idiote qu'elle essaya ensuite de suivre à la télévision. Elle tournait en rond, et Dana connue pour être une impatiente de nature n'aimait pas rester sans rien faire. Une nouvelle fois, elle rejeta sa couverture pour sauter sur ses pieds, attrapa son réveil pour jeter un coup d'œil à l'heure digitale qui la narguait de son trois heures quarante et une. 3h41 et elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Morphée semblait la bouder. Pire, Morphée semblait se foutre copieusement de sa tête blonde depuis qu'elle avait décidé de retourner vivre à Redwood, dans la maison de ses parents. Ici depuis quelques jours seulement, la jeune femme peinait à retrouver ses marques. Peut-être était-il temps de songer à louer un appartement, pour avoir son propre espace ; mais l'idée de se retrouver loin de son frère, sa sœur et ses parents la fit froncer du nez. Pas avant qu'ils ne soient mis au courant de sa situation. Ensuite, elle ferait bien ce qu'elle voudrait, louerait l'appartement le plus grand et le plus cher de la ville si cela lui chantait. Mais ici, dans son ancienne chambre d'adolescente, elle se sentait en sécurité, elle sentait encore la ceinture de sécurité contre sa poitrine. Ici, avec son secret bien gardé, elle avait toujours l'impression d'être cette jeune femme ayant connu le succès rapidement, belle et brillante, en simple visite chez ses parents. Pas une mère qui d'ici quelques semaines, allait voir son ventre s'arrondir et son humeur jouer aux montagnes russes -comme si elle ne jonglait pas déjà assez en temps normal, cette humeur-. Décidant que le mieux à faire serait de s'épuiser pour trouver le sommeil, elle enfila un short, un débardeur, et traversa la maison sur la pointe de ses baskets. Son chien Platoon sur les talons, elle entama son jogging nocturne. Au moins, elle ne risquait rien avec son berger australien, et quiconque l'aurait approchée à cet instant aurait vu s'abattre sur lui la fureur d'une blonde en manque cruel de sommeil. Ses pas, consciemment ou non, la menèrent jusqu'à la caserne des pompiers. Elle s'arrêta, les mains sur les hanches et le souffle court, jaugeant l'endroit d'un regard critique. Trois choix s'offraient maintenant à elle ; continuer son jogging jusqu'à l'épuisement, tourner les talons et tranquillement rentrer à la maison en cherchant une nouvelle activité pour tenir son ennuie à distance, ou s'avancer et trouver son frère. Elle haussa les épaules ; après tout, s'il était de garde, rien ne lui disait qu'il se trouvait actuellement au sein de cette caserne et le sort déciderait pour elle qu'il était temps de retourner dans sa chambre. Après une dernière hésitation, la jeune femme s'avança d'un pas affirmé vers l'établissement. Dana n'était jamais venue ici, mais marchait comme si elle avait elle même construit l'endroit. Elle entendit un léger ricanement à sa droite, et arqua un sourcil en découvrant la silhouette d'une de ses anciennes conquêtes, Oliver, devenu pompier, vers lequel elle s'avança. Elle l'arrêta d'un geste avant qu'il ne prenne la parole, pas d'humeur pour écouter l'une de ses remarques grivoises. « Je cherche mon frère. » le jeune homme lui indiqua la salle de repos. Rylan se tenait assis à l'une des tables, et Dana s'installa à côté de lui. « Surprise. » fredonna-t-elle, peu certaine d'avoir le droit d'être ici, ou si son frère avait du temps à lui consacrer.

Il n’était pas cinq heures lorsque Rylan et le reste de l’équipe rentrèrent à la caserne. L’intervention dont ils venaient de rentrer n’avait rien d’exceptionnelle en soit, seulement une fin de soirée ayant mal tournée. L’alcool comme souvent, coupable d’actes démesurés qui ont pourtant une gravité réel qui bien que regrettés par la suite ont bien existés. L’alcool. Rylan est vraiment content et fier d’en être sorti. Il le doit aux siens. A sa famille et ses amis, il le sait. Il n’ose même pas imaginer où il en serait en ce moment si ils n’avaient pas été là pour lui. Si ils ne l’avaient pas tiré de là dedans. Les interventions de ce genre lui rappel cette époque à chaque fois. Lui remémore ses vieux démons. Dans un sens il en est content, cela ne fait que lui rappeler qu’il à fait le bon choix. Que finalement il à remonté, certes lentement, cette pente ardue. Se dirigeant vers la selle de repos commune il croisa Juliet. Juliet, la belle ambulancière. La sœur de son meilleur ami. Elle aussi y était beaucoup dans le fait qu’en ce moment, comme cela ne lui était pas arrivé depuis une éternité, il se sentait bien. Juste le fait d’échanger un regard complice lui suffit à lui faire plaisir, à lui faire du bien. Ils avaient fait le choix d’y aller doucement. De garder cette relation pour eux. Juste pour eux, préservant leur intimité. Bien qu’il soit encore un peu tôt, Rylan mourrait de faim. Avant de ne retourner aux dortoirs, ils se dirigea vers la cuisine où il se servit un bol de céréales avant de ne se munir d’une bouteille de lait et de venir prendre place à table. A peine installé, quelqu’un tira une chaise à côté de lui et s’y assit. « Surprise. » Ayant reconnue cette voix qu’il ne pouvait connaître que trop bien, il releva la tête vers cette personne. Dana. « Salut ». Répondit t-il quelque peu surpris de la trouver là et surtout à une heure pareille ! Il laissa retomber sa cuillère dans son bol et se tourna d’avantage vers sa sœur. C’était la première fois qu’elle venait le voir à la caserne. Rylan remarqua qu’elle portait une tenue assez sportive, elle était venue en footing ? Décidemment, sa sœur l’étonnerait toujours. « Qu’est ce que tu faits là ? » Il aurait put paraître peu ravi de la voir là, pourtant ce n’était pas le cas du tout. « Je veux dire, à cette heure-ci ? » Sa lui faisait tellement plaisir de la voir ici. De la voir enfin pénétrer dans cette univers rythmant pleinement la seconde vie du jeune homme. Ce qui l’enchantait moins était bien sûr les regards quelque peu aguicheurs de quelques un de ses collègues.